Mayotte a de très bons côtés. J'en ai déjà parlé. Vous avez pu le vérifier à travers certains reportages qui font envie. Et la vie ici est plutôt bien agréable !
Mais parfois, il y a de quoi perdre son sang-froid. Croyez-moi !
L'absence de professionnalisme chez de nombreux "professionnels" est souvent hallucinant.
Et c'est particulièrement vrai dans les administrations.
Évoquons celle que je connais le mieux : l’Éducation Nationale.
Arriver à l'heure, c'est à dire avant les enfants, est encore une chose impossible pour de nombreux enseignants.
J'ai assisté à une scène surréaliste : un examen très important avait lieu dans une école primaire.
Une institutrice y passait la première partie de l'examen de formateur d'enseignants (CAFIPEMF).
Je faisais partie du jury en compagnie de deux inspectrices, d'un conseiller pédagogique et d'un professeur du Centre universitaire. Une belle brochette de personnes que l'on se doit de respecter de par leur statut (sauf moi qui ne suis qu'un formateur).
Eh bien pas du tout ! Et pas de respect non plus pour les enfants qui attendaient leurs divers maîtres en retard.
Nous avons pu ainsi voir arriver très tranquillement avec 10 à 15 minutes de retard des enseignants et enseignantes qui n'allaient pas plus vite pour autant, d'un pas tout sénatorial. Les inspectrices leurs ont notifié leur retard ; les enseignants concernés ont souri en continuant leur marche tranquille vers leur classe. La personne examinée était, elle, à l'heure. Quand même !
Qu'est ce que ça doit être quand aucun inspecteur n'est signalé dans les parages !
Autre cas qui m'a été raconté par un collègue : cela se passait il y a deux ans dans l'école maternelle dans laquelle je travaille. Deux remplaçants affectés dans des classes ont décidé qu'ils n'y entreraient pas ; trop bruyants et fatigants, les petits ! L'un a lu le journal devant l'entrée de la classe. L'autre y est entré de temps à autre. Les Assistantes maternelles m'affirment qu'elles ont déjà dû faire classe toute la journée, car le maître leur avait dit qu'il n'y connaissait rien et qu'elles devaient se débrouiller... Où était alors l'enseignant ? Dans les couloirs, planqué derrière le téléphone portable ou à la boutique en train d'acheter de l'eau ou un petit en-cas.
Conscience professionnelle, quand tu nous tiens !
Les guichets d'accueil ne sont pas en reste ; dans les mairies notamment. Il n'est pas rare de voir dormir la dame qui est responsable d'orienter le public. Hier, il n'y avait d'ailleurs que deux jeunes stagiaires désœuvrées (collège ou lycée pro) derrière le guichet. Elles ne faisaient strictement rien de la journée, car on ne leur avait donné aucun tâche.
Autre sujet d'énervement : les monceaux de détritus qui s’agglutinent dans certaines communes.
La faute à qui ? Aux services de nettoyage et de ramassage qui ont toujours une bonne raison pour ne pas passer. Par exemple, cela fait de nouveau deux bons mois que les sacs s'accumulent à deux pas de la maison. Les chats les éventrent ; les poules les dispersent. Il y en a partout, jusque dans le cimetière proche.
Mais la population ne fait guère d'efforts non plus pour garder l’île propre.Trop souvent et trop naturellement, jeunes et moins jeunes balancent leurs canettes ou paquets de chips dans la rue. Que dire des congélateurs, voitures et gazinières qui trônent un peu partout. Une impression de j'menfoutisme total dans certaines communes. Les habitudes changent très très lentement ; certaines consciences s'éveillent, malgré tout.
Un dernier mur sur lequel on se casse les ongles : l'alimentation
Malgré une loi votée il y a un an, les boissons sucrées vendues dans les territoires d'Outre-Mer sont toujours surchargées en sucre. Les fabricants et exportateurs, que ce soit Fanta, Oasis ou autre, n'en ont rien à faire et continuent à sur doser. Du coup, 12% de la population de l'île serait diabétique, selon l'ARS qui se bat (un peu) contre des montagnes. Et ce sont les femmes qui paient le plus lourd tribut.
Vous verriez les cochonneries, venant de Dubaï ou d'ailleurs, que les jeunes avalent en permanence. J'y ai goûté par curiosité : absolument infect ! Mais c'est très salé ou très sucré ! Et ça plait !
Une éducation à la santé est en train de se faire ; une association de consommateurs mahorais tente de faire de la prévention. Mais c'est le pot de fer contre celui de terre, actuellement !
Pourquoi ces problèmes ? Les réponses sont multiples, à mon avis. Une raison sur laquelle tout le monde s'accorde : tout est allé trop vite, ici ! Mayotte a dû passer des années 1950 aux années 2000 en 15 ans à peine ! Un choc ! Une culture traditionnelle, un peu africaine, un peu malgache, un peu comorienne qui se retrouve confrontée à la loi française et à la rigidité engendrée par la départementalisation ! Il va falloir du temps et de la patience de la part de tout le monde.
Malgré cela, j'aime vivre à Mayotte et les mahorais me plaisent.
C'est un peu comme un membre de votre famille qui vous irriterait par certains aspects, mais auquel vous passeriez bien des choses.
Je conseille à ceux qui veulent tenter l'aventure de sauter le pas. Rares sont ceux qui le regrettent ; malgré tous les côtés négatifs.
Caribou Maoré (Bienvenue à Mayotte)
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