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samedi 14 décembre 2013

n° 48 : J'aime/ j'aime moins

Je suis officiellement en congés depuis ce vendredi 13 à midi. Et pour quatre semaines.
Petit bilan après plus de quatre mois de vie mahoraise, juste avant de rentrer en métropole pour des vacances hivernales.

Pas d'analyse, pas de réflexion poussée ; juste une liste à la Prévert de" J'aime/ J'aime moins" ( ou pas) pour finir cette année 2013. On peut la lire en commençant par la fin, également.



 - Le dépaysement total. Mayotte, c'est la France, certes, mais c'est aussi beaucoup l'Afrique ou Madagascar.

- La couleur verte. Pour un rural comme moi, être entouré de tant de verdure, c'est magnifique.

- Les nuances de bleus, également. Celles de la mer.

- Les élèves de ma classe.

- Mon école : je suis bien tombé ; globalement, une bonne ambiance, et des conditions plus que correctes.
- Me balader en short et claquettes dès que je sors (hors boulot).
- La pluie chaude.
- Les couleurs très africaines des vêtements féminins.
- L'expression "courage" que l'on entend cent fois quand je cours dans les villages ou sur les chemins.
- Les grands "bonjour" et gestes de la main des Bacocos (hommes âgés) que l'on salue.
- Le fait de pouvoir jardiner en décembre
- Les zébus nonchalants au bord des routes
- Être en caleçon/torse nu dans l'appart quelque soit le mois de l'année
- Les légumes locaux : fruits à pain, brèdes, patates douces
- Les fruits de saison très abondants en ce moment : ananas, bananes, mangues, et aussi litchis que je me mets à apprécier
- L'Islam modéré que l'on peut trouver ici. Même si 95% de la population pratique cette religion omniprésente au quotidien, cela se fait sans tension et sans appel à repousser ceux qui ne sont pas de votre avis.
- Les chants des muezzins (si, si) qui rythment la vie du quartier
- Les racines agricoles de presque tous les habitants de l'île
- La chance d'avoir choisi le centre/ouest pour y vivre et travailler
- 17H 30 : il fait encore jour, mais la chaleur est moins forte ; les roussettes effectuent leurs acrobaties, le soleil  se couche sur l'océan.
- La possibilité d'aller à la plage en sortant du boulot. Personnellement, je n'en suis pas fan, mais les enfants de beaucoup de collègues nagent ou pataugent tous les jours ; pour eux, c'est comme aller au parc.
- Le formidable "terrain de jeux" que représente Mayotte pour un trailer qui n'aime pas le plat.
- La proximité de La Réunion, île que j'aime aussi (pas que pour le Grand raid)
- les maisons peintes de toutes les couleurs : roses, bleues, vertes, violettes, jaunes (la mienne), orange ; quelle misère de n'avoir le droit qu'à quelques nuances tièdes de beiges,de gris/bleus ou de blanc plus ou moins cassé dans les Ardennes (et ailleurs)
- La lumière ; la grisaille n'existe pas.
- L'esprit "village", pour ses bons côtés
- la volonté de réussir et de se battre pour leur île de la part des instituteurs stagiaires que j'ai suivi pour le moment ; c'est rassurant !
- Mon nouveau "nom" à l'école : Monsieur Didier. Ça change !
- Les quelques mots que je connais en Shimaoré et en Khibushi
- Les pas de sénateurs de tous les gens rencontrés. Je n'ai jamais vu une personne de plus de 25 ans courir ou marcher rapidement, jamais !
- Les gens qui sont partout, tout le temps
- Les enfants que l'on ne peux pas louper ; ils jouent, courent dans les rues ; la vie, quoi !
- La place accordée aux anciens : pas de maisons de retraite, mais des vielles personnes qui finissent leurs jours à la maison
- L'importance de la famille très très élargie ; impossible d'être seul pour un mahorais
- Les plages sans aucun gramme de béton ; sauvages !
- Avoir vu et touché ( pas bien !) une tortue qui broutait sous la mer.
- Me balader en bateau en novembre ou en décembre les doigts de pieds en éventail
-  Mon adaptation relativement rapide à ce nouveau mode de vie ; pour un sanglier, ce n'était pas gagné.





- Les bidonvilles. Plus sales et boueux que les favelas du Brésil. Je me suis "promené" dans des endroits que je n'avais jamais vu : des quantités d'enfants couverts de boue rouge jouaient parmi les poubelles entre les cabanes en tôles et les mares d'eau saumâtre. Et c'est dans le village d'à côté !

- Ma première arrestation en direct, juste sous la fenêtre de ma classe : un clandestin que deux gendarmes poursuivent dans une ruelle et qui repart les mains menottées dans le dos, le tout devant les enfants à l'heure de l'ouverture des portes de l'école.

- L'alcool, fléau très présent. Le whisky et la bière font des dégâts. Même chez les musulmans.
- Les quartiers fortifiés occupés à 100% par des métropolitains. Pour la mixité, 0/20 ! Heureusement, je ne loge pas dans ces bunkers peuplés de profs et de militaires.
- Mes vêtements qui me collent à la peau après dix minutes en classe. Je suis en permanence trempé par la sueur ; on s'y fait mais c'est très moyennement agréable pour bosser.
- Les tronches que tirent bon nombre d'employés des diverses administrations. Pour certains commerces, ça n'est pas mieux.
- Les monceaux de détritus remplissent les rues et les rivières ici et là. C'est moche, ça fouette; ça pollue la mer et la terre. Et le problème n'est pas prêt d'être résolu.
- Des ados ont pris quelques mauvaises habitudes calquées sur la métropole : les fringues de marques, les I-trucs en tout genre, un respect des anciens qui disparait alors qu'il était très marqué il y a encore quelques années
- Les agressions qui sont bien réelles.
- Les cambriolages. Leur nombre a connu une explosion ces dernières années (chiffres de la police et la gendarmerie)
- Les maisons poussent comme des champignons dans les villages ; ça construit partout et n'importe où ; et bien entendu sans jamais demander de permis de construire. Un cyclone aurait des conséquences catastrophiques.
- Le béton et la tôle sont rois  ; aucun matériau écologique dans les maisons des particuliers.
- Le parc auto croit plus que le nombre de routes. Des bouchons infernaux chaque matin pour ceux qui vont bosser à Mamoudzou (pas pour moi qui travaille sur place).
- La place un peu étouffante de la religion/ tradition.
- la place de la femme ; même si c'est elle qui hérite de sa mère, c'est l'homme qui apporte la religion, donc le savoir. Il a donc une place plus importante, et surtout une vie plus facile.
- La politique " à l'africaine" dominée par des familles puissantes et encore très fondée sur le clientélisme.

Vous pouvez relire la première partie de cette liste, si je vous ai descendu le moral !!!
En fait, il y a bien des facettes et des paradoxes à Mayotte. Difficile de tout condenser sur une page d'ordinateur. Retenez ce qu'il vous plaira de garder en mémoire.

Je prends l'avion dimanche. A bientôt.

6 commentaires:

  1. Belle analyse ... Tu ne parles pas de la solitude !!!

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  2. J"espère que tu n'as pas oublié de prendre un pull et une doudoune pour ton retour dans les Ardennes... les couleurs et la luminosité seront différentes... laisse ton short et tes claquettes sur place, je doute que tu en ais besoin!!!
    La chaleur de Françoise, de la famille et des amis combleront cette différence de température!
    Au plaisir de te revoir
    Bisous Véro

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    1. Je rentre en caleçon et puis c'est tout !
      C'est vrai que les degrés sont loin d'être ce qu'il y a de plus important !
      A bientôt, peut-être.

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  3. Belle analyse, l'important c'est quand tu vas revenir de métropole tu seras qu'est ce que tu vas trouver heu plutôt retrouver, bon retour Didier. France-reine

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  4. je pense qu'à cette heure ci, tu détestes air-austral et qu'en plus tu hais l'aéroport de Dzaoudzi ; en espérant que tu ne détestes pas les fêtes de noël et de fin d'année à Mayotte.
    Bon courge

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  5. la magie de noël a joué son rôle!!!
    Bienvenue en métropole
    bisous
    Véro

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