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mercredi 4 septembre 2013

n° 17 : rentrée

Par Didier

Au vu des articles précédents, on pourrait croire que je suis en vacances. Pas vraiment !
La rentrée a eu lieu le lundi 26 août. J'ai un peu tardé à vous faire part de mon sentiment, car je voulais m'exprimer à froid.
Bien que je sois dans de bonnes conditions de travail pour Mayotte, j'avoue que ça a été la douche froide en découvrant ma classe.
Pas de murs décrépis, ni de rats comme dans certains quartiers, des cahiers et feuilles en nombre suffisant, des tables et chaises correspondant au nombre d'élèves.
Mais ça s'arrête là. Car pour le reste, un manque de matériel criant pour une école maternelle d'Application (avec des formateurs et des étudiants) censée être "école pilote"...
Pour les non-profs, j'ajoute que les apprentissages en maternelle (et surtout depuis cette rentrée) doivent être basés sur les coins jeux, sur la réflexion à partir de manipulation (pour faire court).
Ceci est valable pour toute la France, donc pour Mayotte.
Le souci est que l'on doit faire avec ou plutôt sans ici. Les anciens s'en accommodent ; les nouveaux comme moi s'en alarment ou s'en inquiètent avant de faire comme tout le monde : avec les moyens du bord.
Mayotte n'est donc pas assez bien doté ? Pas du tout ! Il y a de l'argent. Mais il semble que son utilisation soit compliquée à comprendre. Par exemple, dans la commune dans laquelle j'enseigne, il n'y a plus d'adjoint aux services scolaires à la mairie (ce sont les mairies qui financent les écoles primaires, comme partout en France). La gestion des commandes est pour le moins bizarre :  les écoles font les commandes en juin, mais il n'y a pas de prix sur les catalogues. Une fois que toutes les écoles de la commune ont fait de même, la mairie modifie le tout à sa guise, fait une commande globale et distribue tout le matériel au petit bonheur la chance sans trop tenir compte des désidératas de chaque école.
Et cette année, quand le "responsable" est arrivé à la commande de notre école, il ne restait plus rien ou presque. Tant pis !
On verra l'année prochaine ! Hallucinant pour moi qui vient de Charleville et surtout Nouzonville (18 ans sans aucun soucis), cette dernière municipalité étant très généreuse pour les écoles et n'ayant jamais rechigné à doter celles-ci.
Donc, il a bien fallu que je m'adapte ! Et je vais devoir continuer.
Le "coin voitures" !
















Espace "cuisine, poupées marchande". Et je crois qu'il est richement doté !


L'ensemble des jeux de construction, jeux mathématiques et puzzles de la classe

















Et les élèves dans tout cela ? Eh bien, j'en ai 33, et la moyenne est de 32 par classe. Ce qui fait presque 200 pour cette petite école. La plupart des écoles sont beaucoup plus importantes : le summum est une école élémentaire de 750 élèves à 10 bornes de là. Elle est dirigée par une directrice qui ne ménage pas sa peine ; elle est ardennaise !
Ma classe de moyenne section (élèves de 4 ans)

















La journée de classe est typique à Mayotte. Et ici encore, j'ai eu beaucoup de chance.
Je m'explique : Comme il y a trop d'élèves sur l'île, presque toutes les écoles sont en rotation : une première classe et son enseignant ont cours de 6 h 50 à 12 h15 ; et à partir de 12 h30, c'est un autre maître qui arrive avec ses élèves. Je vous laisse imaginer ce petit quart d'heure pendant lequel le premier instit enlève ses affichages tandis que le second raccroche les siens ; et ceci tous les jours !
Quant aux affaires des élèves, il faut qu'elles disparaissent totalement sous peine d'être subtilisées par la classe suivante.
Ici, à Chiconi, pas de rotation. Il y a assez de locaux pour tout le monde. Le luxe !!!
Pourquoi ne pas créer d'autres salles ? Parce que la croissance démographique est exceptionnelle ; il y a plusieurs milliers d'élèves en plus tous les ans sur un territoire qui correspond à la superficie de deux cantons ardennais. Comme dit le vice-recteur : "Mayotte est au pied du mur"
Ma journée : Je me lève à 5  h 30 et descends à l'école pour 6 h 15. Encore un luxe : nous habitons dans le village à 200 m de l'école que je vois en contre-bas. Après 1 minute et 30 secondes de trajet, j'ouvre les portes pour le début des cours à 6h 50. La première récré est à 9 H15; la seconde à 10 H 45.
Je ne me suis pas encore totalement fait à ces horaires fatigants pour tout le monde. L'avantage est qu'il n'y a pas classe l'am.
Voilà ! Il y aurait (et il y aura) encore des choses à dire. Mais je m’arrêterai là pour aujourd'hui. Il faut que je prépare ma classe et l'arrivée des premiers étutiants-instituteurs (le statut d'instit existe encore ici) la semaine prochaine. Bonne rentrée à tous !

6 commentaires:

  1. Je viens de découvrir votre blog aujourd'hui. Quelle aventure! Merci de nous la faire partager. Je vous souhaite beaucoup de courage pour vous installer dans cette nouvelle vie. Vous n'avez pas choisi le plus facile mais je suis sure que cette aventure humaine va vous apporter beaucoup.Gros bisous à vous deux. J'en profite pour en faire un à la grande couse.
    Dominique H.

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    1. Coucou Dominique,
      Et oui, quelle aventure!!! Je rentre fin septembre, pour l'instant toujours pas de travail pour moi... Libéral, il faut une traductrice car la population parle essentiellement le shimaoré et évidemment mes connaissances sont plus que limitées et les secteurs sont un peu difficiles à couvrir, et à l'hôpital les postes de cadres possibles concernent surtout des dispensaires assez loin (en temps) de notre domicile. Je pense rencontrer la directrice de l'IFSI la semaine prochaine, à suivre...
      Je devrai être là pour les p'tits déj...
      Bisous à vous

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  2. Nous nous plaignons souvent d'aise en métropole ! Je découvre ton blog et c'est super de pouvoir voir comment cela se passe ailleurs.
    Pour ma part, la rentrée s'est très bien passée dans ma nouvelle école avec pour commencer la matinée la visite de Mme Ledoux, son équipe et la presse. A l'honneur les très beaux TBI que l'on a mis en route pour la circonstance.
    Nous pensons bien à vous.
    Bises
    Florence G

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    1. Des TBI ! : je ne sais même plus ce que c'est !!!
      Utilise ce bel outil en pensant quotidiennement que c'est un luxe hors d'atteinte dans un autre département français.
      Bonjour à tous les collègues de Joliot.
      P.S : Mon nouveau modulateur (l'instit qui me remplace une fois par semaine quand je m'occupe des étudiants) a une Djellaba, des mocassins jaunes, des tempes grises, et n'est pas loin de la retraite. Même s'il est affable, je crois que j'y perds en pensant à Sylvaine ou à Dolorès (Nouzonville) ...

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  3. un petit coucou pour vous remercier de nous faire partager votre belle aventure. Je parcours régulièrement le blog et suis ravie de pouvoir à chaque fois découvrir ce pays, ces coutumes.
    Didier nous avons pensé à toi lors de la pré-rentrée, ta carte postale est bien arrivée et les collègues te saluent. Effectivement les conditions ne sont plus les mêmes mais te connaissant tu vas nous épater ;)
    Amicalement

    Sophie F.

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    1. Merci Sophie. Tu salueras les collègues de Devant-Nouzon.
      Amicalement.
      Didier

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