Mayotte est une île merveilleuse, parfois proche du paradis.
Mais cette île peut aussi ressembler à l'enfer. Cambriolages de masse, agressions récurrentes et de plus en plus violentes, situations inextricables, émeutes, rackets, viols, grande pauvreté d'une majorité de la population, misère matérielle et intellectuelle, économie à la dérive, entrepreneurs qui quittent l'île...
On sait tout cela depuis plus de quinze ans.
La situation du 101eme département n'a cessé de se dégrader depuis le début du siècle.
La poudrière avait déjà explosé en 2011 ; elle a récidivé en 2016. Et avec plus de violences.
Qui est responsable ? Tout le monde.
Le rédacteur de l’hebdomadaire "Mayotte hebdo" a su mettre chacun devant ses responsabilités :
"L’État doit décréter sur tout le territoire de Mayotte, et très rapidement, une zone franche globale, pour 15 ans.(....) Le conseil Départemental doit arrêter de trainer avec ses appels d'offres pour la formation, pour laquelle il reçoit de l'argent de l’État. Il y en a eu deux en quatre ans. Ce n'est pas sérieux ! (...) Les collectivités locales doivent engager un grand plan de formation de leurs agents en urgence pour les mettre au travail là où il en a besoin.(...) Les communes doivent ouvrir de toute urgence leurs 47 MJC. Il faut donner un espoir à ces jeunes ou ils continueront à sévir.(...) Il faut mobiliser le quai d'Orsay et reprendre les négociations avec le nouveau président comorien pour que l'immigration clandestine n'étouffe pas les efforts de l’État."
Les émeutes de ces dernières semaines et le meurtre à l'arme blanche d'un père de famille devant sa femme et son fils ont été les gouttes d'eau qui ont fait déborder un vase plein depuis longtemps.
Tout le monde crie maintenant "Bass ! " (c'en est assez ! y'en a marre !).
Les barrages sont levés depuis ce lundi 18 avril après 18 jours de blocage total de l'île. Plusieurs réunions d'urgences ont lieu en ce moment chez les décideurs. Et en ce mardi 19 avril, une journée île morte est décrétée par une bonne partie de la population. J'irai défiler ce matin. Je ne suis pas un adepte de la fermeture de ma classe pendant le temps de travail, mais cette fois-ci, il faut vraiment marquer le coup. Pour qu'enfin la tendance s'inverse. C'est vital. Et plus qu'urgent.
Les "événements" mahorais et la grève générale auront au moins eu pour effet bénéfique d'alerter la population métropolitaine qui, jusque là, n'était informée de rien. Le gouvernement a été contraint de tenir compte de la puissance médiatique. C'est une des raisons pour lesquelles il faut maintenir Mayotte sous les projecteurs pour que l'île ne retombe pas dans l'oubli de la République.
Mais peut-on avoir confiance dans les gouvernements français, qu'il soient de gauche ou de droite ? Peut-on espérer que l’État tiendra ses maigres engagements et ne laissera pas pourrir la situation ?
Peut-on espérer que les français métropolitains arrêteront de se foutre complément de ce bout de caillou de l'océan indien, perdu à 9000 bornes de chez eux ? La population la plus misérable d'Europe y vit. Le taux de chômage y est de 50%, et 85% (estimation basse) de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Mayotte, c'est la France, comme la Corrèze ou les Ardennes. Ne nous oubliez pas !
Pour ceux qui les ont ratés, voici quelques uns des sujets consacrés à l'île au lagon par les médias nationaux.
TF1 est restée le plus longtemps sur l'île. Cette chaine a rendu compte des deniers événements tragiques, mais aussi des avancées de ces derniers jours.
La marche vers la préfecture lors de la journée "île morte " de ce mardi 19 avril a rassemblé entre 5000 et 6000 personnes.
Et pour finir, ce document qui date de mars 2013, et qui annonçait les événements de ces dernières semaines. Personne ne peut dire qu'on ne savait pas ce qui allait se passer...
Bravo pour cet article, tout est dit!!!
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