Depuis samedi, je peux donc réellement parler de ce que j'ai vu puisque j'étais invité à un grand mariage. Et comme je le prévoyais, j'étais l'un des rares non-mahorais à cette fête qui devait compter deux cents à trois cents personnes.
Pour rappel, les conjoints ont déjà été unis religieusement il y a plusieurs mois ou même plusieurs années. Cette cérémonie rapide s'est faite dans l'intimité ; et la présence de la femme n'a même pas été requise puisque c'est l'homme qui apporte la religion ; il n'est donc pas rare que ne soit présents au mariage religieux que le futur époux et son futur beau-frère par exemple.
Mais revenons à la fête du Grand mariage
Cette journée commence par une procession jusqu’à la maison des mariés.C'est à pas cadencés et très lents que progressent en occupant toute la largeur de la route et pendant plus d'une heure un cortège dans lequel tout est codifié.
Viennent d'abord les hommes de la famille ; suivent les musiciens et de jeunes chanteurs ; puis le marié et ses témoins abrités sous des ombrelles et éventés par des jeunes filles. Les femmes entourent le marié et ferment la marche. Cet ordre est immuable.
Où est l'épouse ? A la maison où elle attend son mari.
Le mari et ses amis sont vêtus comme des princes arabes, et sont impassibles tout au long du parcours.
On sent qu'il y une vraie ferveur chez les hommes qui sont en tête du cortège ; mais une grande rigidité dans les comportements apparait aussi très nettement. Il faut toujours soigner les apparences et respecter les règles bien définies.
Le marié et ses témoins |
Quelques mètres derrière, ses trois autres témoins |
Mais où sont donc les deux cents autres invités ?
Ils sont déjà attablés dans deux endroits du village. Des maisons ou des terrains communaux. Pour l'occasion, la "noce" s'est rassemblée sur un plateau sportif. Les hommes sont séparés des femmes par de grandes tentures. Et qu'y font ces invités pendant que nous avançons à pas lents ? Ils commencent à manger.
Sans doute parce que je suis un m'zungu, j'ai droit à une place privilégiée dans la salle à manger des mariés pour le repas. Pas de terrain de sport pour moi. J'avoue que je ne suis pas trop à l'aise ne sachant pas vraiment comment je doisme comporter.
Le cortège arrive donc devant la maison. La grande majorité des marcheurs rebrousse chemin pour se diriger vers le plateau sportif, pendant que le beau-frère du mari m'entraîne à l'intérieur du domicile conjugal à la suite du marié et des ses témoins.
Entrée au domicile conjugal |
Tout de suite, tout le monde s'installe dans la salle à manger. L'organisation est très occidentale : des tables qui forment un U pour les invités, et une tables de six pour le marié et ses cinq comparses. Chaises, assiettes, couverts, rien ne varie des mariages métropolitains, sur ces points.
Pas de femmes, si l'on excepte les jeunes filles et une chanteuse. Pas de mariée non plus.
Le poids des rituels immuables est de plus en plus évident dans chacun des gestes.
Il y a une trentaine de places assises, mais nous ne sommes qu'une douzaine à table. Le temps que je m'installe et que je salue ces inconnus, certains d'entre eux ont déjà commencé à manger les crudités servies dans nos assiettes. Et rares sont ceux qui s'adressent la parole ; c'est un peu bizarre pour moi : on mange et c'est tout. L'impression que tout le monde est là parce que c'est dans les convenances ; mais pas du tout le sentiment qu'on est ici pour fêter un évènement ensemble.
S'il y a bien un mot qui ne convient pas du tout à cette situation, c'est celui de convivialité.
Il est vrai que les chants incessants empêchent toute discussion. Les demoiselles prennent plaisir à chanter sans relâche ; mais impossible de ne pas voir un aspect formel dans tout cela.
Autre source d'étonnement : on se fait servir comme des pachas. Une jeune fille me sert, une autre me verse de l'eau, une troisième me rafraîchit avec son éventail. Je ne me sens pas très à l'aise ; je mange en restant un peu figé. Heureusement, ma curiosité fait que je trouve cette expérience intéressante, malgré tout.
Puis vient le moment de la remise du petit cadeau. On m'a prévenu que cela se fait en argent. Un autre rituel de l'argent exhibé commence : les billets dansent dans les mains de ceux qui les offrent ; on essuie le visage du marié avec les coupures monétaires. Cela fait aussi partie des rites. Je ne savais pas qu'un billet de dix ou cent euros pouvait servir à cela.
Chers billets de banque ! |
Je filme. Personne ne semble me remarquer. Chacun est dans son rôle. Malgré tout, les principaux protagonistes ont l'air de vraiment apprécier ce moment. C'est bizarre, mais moi aussi, en fait.
J'interroge la personne avec laquelle je suis venu sur ce que je dois faire pour offrir ma petite obole.
Il me propose d'aller voir la mariée dans sa chambre. Enfin !
On se retrouve à une vingtaine de personne devant le lit conjugal.
Les chanteuses ne se sont toujours pas arrêtées. La mariée est là, à côté de son mari.
Je me débrouille pour ne pas être le premier à m'avancer vers elle.
Ça y est ; j'ai vu comment procéder.
C'est donc à mon tour.... de glisser mon billet de vingt euros entre les lèvres de la mariée !
Elle le prend, et me sourit en remerciement. Je me présente. Le marié me sert la main avec conviction, me dit quelques mots que j'entends à peine, mais qui sont moins formels.
Photo de famille très officielle |
C'est pourtant vrai qu'ils sont beau ! |
Je reprends ma voiture avec une impression d'inachevé.
Meilleurs vœux de bonheur !
Mon Did devant un lit nuptial !!! avec une vingtaine de personnes autour !!! Incroyable.
RépondreSupprimerBon !!!! Le mariage faut déjà y croire mais dans ces conditions cela devient un cauchemar.
J'avoue que tout est très beau car très coloré mais les rituels... Au secours!!!
C'est juste mon avis.