Les deux premières courses avaient eu lieu avant la saison des pluies ; le trail des makis avait, quant à lui, pris date à la fin de cette période très chaude et humide.
Autant dire que le terrain allait être glissant ; très glissant....
La semaine précédente n'avait pas vu un jour sans précipitations orageuses ; et ici, quand il pleut, il pleut !
C'est donc le Bataillon du Service Militaire Adapté (BSMA) de Mayotte qui organisait l'évènement. Qui en était réellement un, car les manifestations sportives, hors sports collectifs, ne sont pas très nombreuses.
Petite parenthèse concernant ce bataillon : Il est destiné à donner une formation à de jeunes mahorais qui ont quitté le système scolaire sans diplôme, mais qui sont très motivés. Les candidatures sont très nombreuses, et le nombre de place limité (un peu plus de 400 par an) Après deux mois de classes, les élèves intègrent donc une formation qui va de la mécanique à la pisciculture en passant par les métiers du bâtiment. La plupart des diplômés trouvent du travail par ce biais.
Donc, même si on n'est pas militaire dans l'âme, il faut avouer que le BSMA est bien utile pour les jeunes mahorais.
L'organisation : tip-top ! Rien n'était laissé au hasard.
Trois épreuves sont organisées : un 34 km ; un 19 et une marche de 10 km
Lever à 3h du mat pour un départ de la course à 5h pétantes.
Il fait nuit. Les lampes frontales sont de sortie.
Cherchez-moi ! |
Et c'est parti pour une heure de course nocturne. Et glissante.
Sentiers étroits, luisants de terre rouge et dont l'adhérence rappelle celle de la savonnette.
Trois belles gamelles sur les fesses en moins de 45 minutes et deux traversées de ruisseaux plus tard, je ne suis déjà plus très présentable, surtout si on considère qu'il a fallu remonter les cours d'eau à quatre pattes en s'accrochant aux racines boueuses...
Mais je cavale bien. Je dois être dans le premier tiers de la course. Il faut dire qu'il fait frais : seulement 27° au départ. J'en profite !
Courir à la frontale ne me pose pas de problèmes ; je suis dans un bon jour. Mon entraînement a été sérieux et je me suis bien alimenté les jours qui ont précédé. Ça devrait le faire !
Sauf que je me mets à suer toute l'eau de mon corps dès 6h du matin. Ça dégouline de partout ; le temps est couvert ; on ne voit pas le soleil, mais le thermomètre a déjà passé le cap des 30°.
Et toute cette flotte que je perds, je ne parviens pas à la boire. J'ai soif mais j'oublie un peu de puiser dans mon camel-back. Et je ne m'arrête pas au premier ravitaillement. Deux erreurs que je vais payer cash.
Résultat : coup de bambou vers le 18 eme km. Je me traîne; mes jambes pèsent des tonnes, et j'ai l'impression que je vais rester cloué sur place.
Et ça dure, ça dure ; plus d'une heure !
J'ai quand même eu le temps d''admirer le passage sur la plage de Sohoa et sous la cascade de Soulou avant ce gros coup de barre.
Arrive une ligne droite bien plate (rare !). Je ne peux que marcher; et encore avec bien du mal et en me traînant à chaque pas. Évidement, je me fait dépasser sans mal par de nombreux concurrents. Mais ça n'est pas mon problème ; il faut absolument que je me remette à courir !
A la faveur d'une descente, je reprend un rythme honorable, que je garde d'autant plus facilement que je suis en compagnie de deux autres traillers.
Soudain la route se retrouve coupée par une mare de plusieurs mètres de long et qui occupe toute la largeur du chemin. Le coureur qui me précède prend à gauche et patauge ; j'essaie alors de passer sur le bord en courant. Je glisse pour la centième fois depuis ce matin, perds l'équilibre et me retrouve sur le dos dans cette fange orange/marron qui fleure bon la pisse de vache, et même plus....
J'en ai partout, ça dégouline et ça ne sent pas la rose ; mais je repars aussitôt pour rester collé au groupe.
La succession de petites montées entre les arbres ne va pas arranger mon état de forme.Je suis occis !
Un bref instant, je songe à abandonner. Mais je suis en forêt, et de toute façon, il faut rentrer.
Je continue donc, et la forme revient peu à peu.
Les six derniers km sont surtout de la descente ; je reprends vie, me sens bien mieux. Le rythme des deux derniers km est soutenu. Je les cours avec deux gars plus jeunes que moi qui ont visiblement souffert aussi, mais qui ont la pêche du final.
La vue de la ligne d'arrivée est un bonheur ! Nous la passons de concert, le sourire aux lèvres ; ou presque.
Les copains avec qui je suis venus sont déjà là depuis 20 ou 30 minutes. Il ont fait une super course et l'un deux montera sur le podium pour une belle troisième place en vétéran 2 (+ de 50 ans). Je ne me contenterai que de la cinquième. Pas si mal, finalement. Car, beaucoup de monde en a vraiment bavé.
Sauf peut-être le premier qui est arrivé une heure et demie avant moi ; mais bon !
Au final, 69 eme sur 151 ; 5 eme V2, et 4h 37 de "course".
Et là, j'ai bu, j'ai bu : un Yop, trois verres de coca, trois de jus d'orange et autant d'eau. Plus deux bières pression pour arroser cela !
Quelqu'un qui me connaît bien pense que j'ai pu être déshydraté ; pas impossible !
Après la sieste dominicale, direction plage l'après-midi. Et baignade. J'ai failli m'endormir en faisant la planche. Et le soleil ne m'a pas loupé !
Prochaine étape : le Mahoraid. C'est la traversée de Mayotte du Nord au sud.
67 km et 2000 m de dénivelé. Une épreuve reine ici. Costaude, avec l’ascension du mont Bénara, point culminant de Mayotte (660 m, mais on part de 0 m). Ce sera le 10 mai. Va falloir continuer l'entraînement.
Prochain article : les municipales à Mayotte. Je crois que ça va vous intéresser, vous faire hausser les sourcils ou même rire...
Pas mal l'article.
RépondreSupprimerJ'espère que tu as pris une douche après ton bain forcé dans une mare typiquement mahoraise.
Tes symptômes ressemblent bien à ceux d'un début de déshydratation. Apparemment tu as compensé à l'arrivée... Et puis la plage pour récupérer...
Trail plutôt positif au vue des résultats... "Congratulations"
Merci. L'odeur des fringues rivalisait de puanteur avec celle des monticules de poubelles non ramassées depuis presque deux mois ! Mayotte, l'île aux parfums...
SupprimerIl m'a seulement manqué une bonne bière belge (Chimay brune) pour me réhydrater vraiment !
Ah la la, il y en a qui aiment souffrir ! En te lisant, il m'a semblé faire la course avec toi et je ressens même une soif soudaine...! Même si, pour moi, rien que le réveil à trois heures du matin m'aurait déjà assommée avant le signal de départ ! Bravo à toi en tout cas et...quel paysage!
RépondreSupprimerBises
Caro
Eh oui, Caro ! Il faut savoir et aimer se faire mal pour pratiquer ce sport de fous !
SupprimerPour le prochain trail dans huit semaines, songe que le départ se fera à 3h du mat ; donc lever à minuit.
Merci pour ton commentaire.
Bises.