Mais j'ai quand même eu trois petits moments dans lesquels je me suis senti un peu bête :
1/ La Boueni
Il y a plusieurs façon de dire bonjour à Mayotte. On peut bien sûr utiliser le français.
Mais aussi :
L'arabe :" Salam Aleikum ; Aleikum salam".
Le shibushi (parlé par 95% de la population du village et très proche du malgache) :" Akori"
Et le shimaoré (parlé par 75% des habitants de Mayotte, mais assez peu pratiqué dans la commune de Chiconi).
En shibushi comme en shimahoré, on peut dire "Jéjé" ou "Kwezi". Cette dernière forme est un salut respectueux souvent réservé aux personnes plus âgées, mais pas seulement.
Vous me suivez ? Bon, alors je continue.
Je descendais donc à l'école à pied. Et comme d'habitude, je croisais des personnes sortant de chez eux ou s'affairant plus ou moins devant leur maison. Une boueni (femme) très imposante était donc couchée juste devant chez elle. Ses cheveux légèrement gris et ses traits marqués me firent alors penser que j'avais affaire à une grand-mère.
Voulant étaler ma modeste science de la langue mahoraise et tenter de me fondre dans le décor, je lançais alors un "kwezi !" à la femme. Elle me regarda alors fixement et me retorqua "Jéjé !!!" en maugréant et pestant parce que je lui avait dit" kwezi" !
Ce n'est pas une règle, mais on m'a informé par la suite que certaines personnes un peu susceptibles ou superstitieuses ne voulaient pas qu'on leur donne du "Kwezi". Cela pouvait les mener plus rapidement au cimetière !
2/ Trop de salouvas ; je m'y perds
Mes collègues instits de maternelle me comprendront : pas facile de se souvenir de tous les visages de tous ceux qui sont habilités à reprendre les enfants. Entre les parents, les tatas, tontons, nounous, mamies et autres, on s'y perd parfois. "Qui est exactement qui ?" Surtout quand les trente "parents" arrivent en même temps et veulent leurs enfants dans la seconde qui suit.
D'ordinaire, je suis assez physionomiste, et me repère assez facilement. Mais à Mayotte, toutes les femmes ont exactement le même type de vêtement : un salouva qui les enveloppe jusqu'à la poitrine ou aux épaules et un kishali sur la tête.
Seuls les traits du visage et la silhouette peuvent permettre une reconnaissance rapide.
Et quand certaines arborent le m'zindzano (masque de beauté et de protection de la peau), j'avoue que j'ai du mal à m'y retrouver.
Une dame ainsi parée me donne le prénom de l'enfant . Je demande alors à cette femme si elle est la nouvelle nourrice de l'élève en question." Non, me répond-elle dans un très bon français. je suis sa maman et je suis venue vous voir la semaine dernière pour discuter d'Angela". Effectivement, l' entretien avait bien duré 20 minutes ! Je connais alors un petit moment de solitude...
Salouva, kishali et m'zindzano |
3/ Noir, c'est noir
Encore un autre épisode à "l'heure des mamans".
La saison des pluies et des orages a commencé. Et quand ça dégringole, c'est le déluge.
L'électricité est souvent coupée, et il fait nuit à midi.
C'est ce qui s'est passé vendredi dernier.
Le départ des élèves se passe donc dans une certaine obscurité. Un grand frère, jeune homme de 16 ans environ, vient rechercher une petite fille. Et je ne le reconnais pas.
Je lui dit alors : "Désolé, mais je ne vous vois pas très bien !"
Sa réponse dans laquelle je décèle une pointe d'ironie fuse alors :
"C'est peut-être parce que je suis noir !"
Je passe rapidement de l'embarras au sourire ; il a de l'humour ce garçon !
Voilà ! Trois scènettes mahoraises. Juste pour sourire.
Bravo... article très drôle. Le coup du noir dans la pénombre il fallait oser.
RépondreSupprimerBientôt tu ne vas revoir que des visages blancs dans les paysages enneigés...
Continue tes articles, ils sont supers
Bisous
BP
Merci BP.
RépondreSupprimerJe ne vois plus très bien à quoi correspond le terme "neige". Un vague souvenir, peut-être...
Bisous.
Ha Didier là je souris enfin , je rigole même , de ces petites anecdotes qui t'arrive à mayotte, mais je te conseille pas de travailler à la nuit tombée ou au noire là bas, lol, bonne continuation. France-reine
RépondreSupprimerSerais-tu devenu le roi de la gaffe?... on va te pardonner je pense que je ferais bien pire à ta place!
RépondreSupprimerBisous Véro
On m'a raconté qu'il y a pires gaffeurs : une collègue qui s'est invitée à un voulé (pique-nique) familial en pensant qu'il s'agissait d'un petit resto de plage et qui a compris sa méprise en voulant régler sa note... L'essentiel est de faire sourire avec nos petites méprises. Bises à toutes.
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