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lundi 19 mai 2014

n° 70 : Le Mahoraid, la grande traversée de Mayotte








Le Mahoraid est la course la plus longue et au plus fort dénivelé à Mayotte. C'est d'ailleurs le seul ultra trail. (course nature de plus de 50 km)
69 bornes du nord au sud en gravissant trois monts. Les 2700 m de dénivelé parlent d'eux mêmes : ça va être costaud.
L'entraînement a été sévère depuis janvier : 6 kilos perdus depuis les agapes de Noël et quelques centaines de bornes à monter et à descendre dans une chaleur et une moiteur tropicales intenses.
Je pense être prêt. Inch'Allah !

Départ en voiture à minuit et quart : c'est tout au nord de l'île qu'il faut se rendre, et la route est complétement défoncée : plus d'une heure et quart pour moins de trente km !
Énorme merci à ma pilote préférée qui va se taper la route aller et retour de nuit en évitant les trous de mammouth dans le macadam quand il en reste. Sans compter tout le chemin qu'elle va parcourir pour aller me voir aux ravitos. Je précise qu'à Mayotte, il n'y a qu'une route tout en zigs et en zags qui fait le tour de l'île plus deux d'est en ouest ; c'est tout ! De courtes distances peuvent prendre des heures en voiture.

On cherche un peu le stade, mais on est là en avance. Perception rapide des dossards et repos.
202 coureurs au départ.




































3h du mat pétantes, et c'est le départ par une douceur toute relative (26/27°)




















Ça commence très très fort : une montée d'une heure dans laquelle il est impossible de courir : des marches de terre à la frontale ; pas épuisant mais usant.

Après le D'ziani Bolé, c'est la partie la plus roulante qui s'offre à nous : de belles descentes vers Combani. Mais aussi des traversées de champs d'Ylang ; et là, je me paume pour la première fois.
Je peste de ne pas avoir vu la rubalise en remontant une côte inutile.
Plat et roulant : rare, très rare
Ravito de Combani : Encore frais



















Je recharge le camel ; et je bois de l'eau salée. Capital ici encore plus qu'ailleurs.



















A Combani, je me suis peu arrêté mais super bien réhydraté. La claque que j'ai prise sur le trail des makis en mars m'a servie de leçon ( une heure de vraie galère pour mauvaise gestion de ma boisson). Sous la chaleur humide, ça ne pardonne pas. Ça commence à chauffer : les 30° sont déjà dépassés.

Et c'est reparti vers le mont Combani, seconde difficulté du jour.
Costaud, mais ça va. Sauf que je me perds  une seconde fois. Encore pas vu la flèche orange sur la droite dans une descente. Et comme je cours quasiment seul, je mets du temps à comprendre mon erreur.
Je redouble les coureurs que j'avais lâchés en chemin. Une heure pour les rattraper. Peste et rage !!! je me jure d'être plus concentré.
Tsararano : la moitié du parcours est faite. Après 5H30 de course.



















Le plus dur va maintenant commencer après le ravitaillement de la mi-course (36 eme km)
La terrible ascension du Mont Benara (660 m) promet. On dit que quand on en sort, on est certain de finir.
Fort heureusement, je suis encore frais. Car ça monte, ça monte ! Et pas moyen de mettre un pied devant l'autre correctement. A croire que toutes les racines des arbres sont apparentes et que tous les cailloux et pierres se sont donnés rendez-vous ici. Les chevilles morflent ; les genoux aussi : je me vautre deux ou trois fois.
Car ça glisse : une fine brume tombe sur les hauteurs. La descente est atroce. Je glisse, dérape et me rattrape des dizaines de fois. Il y a des chaines auxquelles s’agripper pour les parties les plus dangereuses. Un seul mot : rester "concentré".
De plus le ravito intermédiaire pas loin de la crête est supprimé : la voiture n'a pas réussi à monter le chemin. 20 bornes dans le dur sans voir personne, ça secoue. C'est long, très long.

Et enfin la civilisation avec l'arrivée au col de Chirongui (km 55). Des visages familiers m'y attendent et ça fait un bien fou. Merci à vous. Le camel et les batteries peuvent être rapidement rechargés.

Col de Chirongui



















La fin du "dur ; enfin !!!
Merci les amis

Et énorme merci à ma chérie !
Il est moins frais, le sanglier !
Et c'est reparti ! Rendez-vous à l'arrivée, car les détours en voiture sont trop longs pour se rendre au ravito suivant.
Direction le mont Choungui. Celui-là, on ne fait que le contourner, fort heureusement. De solides montées, plus de parties roulantes. Mais au premier faux-plat, je suis obligé de marcher ; la fatigue se fait nettement ressentir. Je cours seul, comme la plupart d'entre nous. Je rattrape un gars épuisé qui me dit de le passer. Deux jeunes me doublent et encouragent le vieux.
 Je croise un groupe d'ados du coin. Ils me saluent fort poliment, sauf que l'avant-dernier me lance  un "courage, papi ! " Et je crois bien que c'est sincère. Ben, oui !
Mais le bacoco (grand-père) commence à fatiguer.
Dans une montée légère, j'entends un coureur se rapprocher doucement. Il reste dans mes pas. Ça m'énerve un peu ; je lui propose de passer ; il le fait sans conviction et poursuit son bonhomme de chemin devant moi en allant un tout petit peu plus vite que moi. Il n'a pas l'air jeune non plus ; vétéran 2, on dirait. La suite me le confirmera, mais  j'en reparlerai...


Sauf que je me repaume une troisième fois. Cette fois, nous sommes à quatre à chercher cette fichue bifurcation. Il y avait une flèche sur le tronc d'un arbre. Pas vue. Encore cinq minutes à errer pour rien.
Ça commence à faire beaucoup pour une seule journée. Mais c'est le jeu.

Dernier ravito au 60 eme km. Un copain qui habite le village de Kani-Keli est venu m'encourager avec son fils. Grand merci à Manu. Le moral est regonflé.
Je ne vais pas bien vite. Moins vite que mon collègue avec son fils sur ses épaules.

Huit derniers km seuls.
Et je me perds pour la quatrième fois !!! La petite flèche peinte sur le caillou, il fallait la voir !
Des gens revenant des champs m'indiquent le bon chemin. Du coup, j'ai la gnack et je repars gonflé à bloc. Je regarde le chrono. J'ai encore l'espoir de faire moins de 13 heures ; ça peut le faire !

L'énergie qui me reste va y passer. Dernière crête. Un km de route tout en montée. Puis l'arrivée sur la plage. Le dernier baliseur me dit que c'est fini. Tu parles, Charles !! 800 mètres à courir dans le sable, ça n'est pas rien.
Mais je vois les oriflammes au loin et j'ai le sourire. 12 h 57' ; ça le fait !!!

On m'annonce 48 eme au micro. Mission accomplie.
Dernières cartouches dans un décor de rêve

Comité d'accueil
Françoise fait découvrir les abricots secs aux enfants

Un sanglier ravi

SA-TIS-FAIT

Sans doute le meilleur moment de cette journée

Idem

Et je fais ce que je m'étais promis de réaliser : plouf tout habillé dans l'océan !







































Superbe journée. Super trail. Mais bien content d'en avoir fini. Merci à tous mes suiveurs pour leurs encouragements si revigorants. Merci à toi.

Il faut une fin à cette histoire : remise des prix par catégorie. J'y assiste en curieux, comme d'habitude.
A noter qu'ici, il n'y a pas de loterie avec tirages au sort pour gagner un crayon ou un vélo. Et c'est tant mieux !
Podium Vétérans 2 (plus de 49 ans) . On appelle un nom pour la troisième place ....... et c'est le gars que j'ai laissé passer dix bornes avant l'arrivée qui s'avance. Il est arrivé 17 minutes avant moi. Si j'avais eu la gnack de l'accrocher ; et si je ne m'étais pas perdu quatre fois......!!!!!!
Tant pis ; je suis quatrième. Pas grave, en fait. J'ai fait une de mes plus belles courses. Après l'Ardennes Méga trail, bien sûr !
Un peu de repos, maintenant. Quoi que....
Car le Grand Raid de la Réunion commence à se profiler à l'horizon. J'en salive d'avance.

                                                                                                   

































2 commentaires:

  1. J'ai visité l'île du nord au sud de nuit comme de jour... Certains coins très retirés non plus de secret pour moi( Acqua, M'zouazia, Tzararano, ...). En tout cas je suis super fière de toi. N'oublie pas que les premiers sont mahorais et que les autres avaient déjà fait la course et connaissaient bien les conditions climatiques (extrêmes en chaleur et en humidité). Tu as comme d'habitude était très fort dans ta tête (un vrai guerrier ardennais...).
    Ton pilote préféré

    Ton pilote préféré

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  2. Pardon pour les grosses fautes d'orthographe... Quelle horreur!!!

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